La pregària

Pel nen que està morint en braços de sa mare,
a l'hora que al carrer hi ha infants que fan gatzara;
i per l'ocell ferit que sense saber com,
té el pit vermell de sang i va caient a plom;
per la set i la fam i pel deliri ardent,
Déu vos salve Maria!

Pel noi apallissat per l'embriac quan entra,
pel ruc que va rebent cops de garrot al ventre,
i per l'home innocent que ha sigut castigat;
per la noia venuda que ja han humiliat;
pel fill que té una mare marcada per l'insult,
Déu vos salve Maria!

Per la vella que no pot més
i cau feixuga cridant: "Déu meu!"
Per 'quells que van sols dia i nit
i es troben mig perduts i sense cap amic,
com el que el bon Jesús trobà en el Cirineu;
pel trist i brut cavall caigut ran del camí,
Déu vos salve Maria!

Pel Nord, Sud, Est i Oest, crucificant la terra;
per tots els que en la carn sofreixen dura guerra;
pels que no tenen peus, pels que no tenen mans,
i pels malalts que mai no reben visitants,
pel just que és col·locat enmig dels assassins,
Déu vos salve Maria!

Per la mare que sap que el fill ferit és viu;
per l'ocell que ha cridat l'ocell caigut del niu;
per l'herba que té set i finalment ja plou;
pels ulls amics i per l'amor que torna a ser,
i pel captaire que ha trobat el seu diner,
Déu vos salve Maria!


La prière

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent :
Je vous salue, Marie
Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre,
Par l'âne qui reçoit des coup de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié,
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée,
Par le fils dont la mère a été insultée :
Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
S'écrie: " Mon Dieu ! " Par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène;
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne :
Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins :
Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri,
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid,
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée,
Par le baiser perdu par l'amour redonné,
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie :
Je vous salue, Marie.

Par l'âne et par le boeuf, par l'ombre de la paille,
Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille,
Par les nativités qui n'auront sur leurs tombes
Que les bouquets de givre aux ailes de colombe
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe :
Je vous salue, Marie.

Francis Jammes, chanté par Georges Brassens


Pregària. Lletra de F. Jammes, Música de G. Brassens, Traducció: J.M. Espinàs